Mars 2014 - Joseph, ou le plan de Dieu à travers les péripéties d'une famille... agitée

Même en connaissant dans ses grandes lignes l'histoire de Joseph, le Joseph fils de Jacob, celui de l'A.T., on est toujours étonné lorsque l'on relit cette histoire car elle est passionnante mais aussi parce que ce récit des chapitres 37 à 48 du livre de la Genèse est riche d'enseignements sur la façon dont Dieu agit malgré les circonstances et le comportement des hommes.

Acte 1  « Histoires de famille » ou le fils préféré : Joseph est le chouchou de son père Jacob.  Il va d'ailleurs lui offrir une tunique de grande valeur. Comme si cela ne suffisait pas, Joseph qui a des songes dans lesquels il a le premier rôle, les rapporte à ses frères et à ses parents et ses frères vont en concevoir encore plus de jalousie : le favoritisme de Jacob et la naïveté un peu vantarde de Joseph vont déclencher une cascade d'événements dramatiques... Nos comportements familiaux peuvent avoir des conséquences insoupçonnés...

Acte 2 : Trahison, mensonges et secrets de famille : Après avoir envisagé de le tuer, ses frères vont finalement l'enfermer dans un puits, puis le vendre à des marchands nomades : quelle chute  pour Joseph qui en quelques heures passe du statut d'enfant « gâté » à celui d'esclave émigré de force, en ayant vu la mort de près et la trahison de ses frères ! En faisant croire à leur père que Joseph est mort, ses frères vont s'enfermer dans un mensonge et un secret de famille qui va durer des années ; quelle famille ...

Acte 3 : l'ascension... et la chute brutale : Dieu veille et Joseph est revendu à un officier de Pharaon, il devient son homme de confiance, tout lui réussit car il a une grande sagesse dans la gestion de son travail. Or, en plus de réussir, Joseph est un bel homme – surtout aux yeux de la femme de son maître – et faute d'avoir réussi à le séduire pour coucher avec lui, car Joseph ne veut pas trahir son Dieu, celle-ci va le calomnier auprès de son époux ce qui conduira notre malheureux Joseph directement en prison "c'est pas juste" comme on dit... Pourtant Dieu veille sur lui et guide les circonstances.

Acte 4 : la patience dans l'épreuve : Le récit ne dit rien des états d'âme de Joseph mais il continue à agir et par son charisme devient (encore!) homme de confiance du chef de la prison, il utilise son don d'interprétation des rêves au profit d'un compagnon de cellule qui l'oubliera dès qu'il sera sorti de prison comme Joseph le lui avait annoncé : ingratitude et  injustice des hommes... Pourtant Dieu veille toujours sur  lui et guide les circonstances.

Acte 5 : la réussite sociale :  le retour : 2 ans c'est long surtout en prison... et puis un jour le don d'interprétation des rêves de Joseph lui sauve la mise : le rêve de Pharaon que seul Joseph parvient à interpréter le tire de sa prison. Après 2 ans de captivité, il a été transformé par les épreuves : il ne se glorifie plus mais rend gloire à son Dieu. L'interprétation du rêve de Pharaon – les fameuses vaches grasses suivies par les vaches maigres –  s'avère capitale pour l'avenir de l'Egypte car la sagesse donnée par Dieu à Joseph préparera le pays à affronter 7 années de famine et ainsi Joseph deviendra l'homme de confiance de Pharaon (un Vizir).

Acte 6 : L'heure de la ( non ) revanche : Comme la famine touche le pays de Canaan, Jacob envoie ses fils chercher du blé en Egypte tout en gardant son petit dernier, Benjamin, car il a été échaudé par la perte de Joseph... Les frères cette fois acheteurs se prosternent devant un inconnu qui n'est autre que Joseph qui les met à l'épreuve par ses questions et un court séjour en prison mais il les renvoie en gardant un otage et en leur donnant quand même du blé – gratis – et en leur demandant de lui amener Benjamin. Joseph ne se venge pas, ses frères sont troublés, le mal qu'ils ont fait à leur frère leur revient à la mémoire et petit à petit ils sont amenés à la repentance. Ils repartent d'Egypte comblés par celui qu'ils ont vendu mais ça ils ne le savent pas encore...

Acte 7 : Les retrouvailles et la révélation du plan de Dieu : La famine continue de sévir et Jacob se résout enfin à envoyer Benjamin. Joseph imagine une dernière mise à l'épreuve pour ses frères et constate qu'ils ont commencé à changer : ils sont solidaires de Benjamin lorsqu'il est en danger : Juda veut même se substituer à Benjamin... Enfin, Joseph dévoile son identité à ses frères « C'est pour vous sauver que Dieu m'a envoyé devant vous » En effet, Non seulement ils seront à l'abri de la famine puisque le pharaon les fera venir avec toutes leurs familles et possessions, mais les délivrera par Moise le moment venu lorsque leur situation en Egypte sera devenue intenable.

Ce récit est captivant car il livre des faits, ne formule pas de jugements sur des événements et des comportements pourtant parfois lamentables de la part de la famille de Joseph. Le Dieu d'Abraham d'Isaac et de Jacob, comme Il se présente lorsqu'il se fait connaître à Moise est le Dieu d'êtres humains si faillibles, au comportement parfois tellement désastreux... Il n' y a pas de héros infaillibles dans ces hommes choisis par Dieu pour accomplir ses plans car c'est Lui qui conduit l'Histoire, c'est lui qui agit. La Bible n'est pas un livre de morale, elle décrit sans artifices des situations parfois très immorales pour nous permettre de les voir avec leurs conséquences, de voir le jugement de Dieu parfois immédiat mais plus souvent sa patience et toujours sa souveraineté. Le récit révèle aussi comment la jalousie peut détruire et tuer, entraîner des familles dans la tromperie, le mensonge, les secrets de famille... et parfois comment résister au mal peut coûter cher.

La figure de Joseph, un jeune homme rempli de l'assurance du fils préféré mûri par les années d'épreuve et devenu un homme de confiance et un sage au sein même d'une grande nation étrangère, cette image est vraiment attachante car il ne se plaint pas, il agit là où il est, dans les circonstances les plus noires, malgré les injustices, et c'est de cette façon qu'il devient une source de salut pour ses frères. Bien sûr, il est une figure annonciatrice de Jésus Christ, lui aussi vendu pour 30 deniers, mais priant pour ceux qui le crucifiaient, et devenu lui aussi source de salut pour Son peuple.

En conclusion : quand on lit ce récit et ses résonances par rapport à la venue du Messie,  l'inspiration des Ecritures continue de nous étonner... et de nous émerveiller.

C.B.

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